Monographies
des communes du canton du Cateau-Cambrésis

Introduction

Remarques préliminaires

Il y a quelques années, la Bibliothèque Municipale du Cateau-Cambrésis eut l’opportunité de réaliser l’acquisition d’un document exceptionnel intitulé « Monographies des communes du canton de Le Cateau », document qui s’était retrouvé en possession d’un particulier désirant s’en séparer moyennant finances. Des subventions furent demandées à l’époque, et c’est grâce à l’aide des Amis du musée, des Amis du Catésis et de la Municipalité du Cateau-Cambrésis que l’achat put se concrétiser.

Ces monographies avaient été commandées en 1899 par l’Inspecteur A. Hannedouche de l’Inspection Primaire du Quesnoy à l’ensemble des instituteurs des communes du canton du Cateau, à l’exception regrettable de Mazinghien qui était peut-être, à l’époque, dépourvu d’école publique. (À moins que sa monographie n’ait été égarée ?…)

Remarquons ici que l’Inspection Primaire du Quesnoy ne devait certainement pas avoir de son ressort le seul canton du Cateau, mais aussi celui de Solesmes (et ceux de Clary et de Carnières ?), et tout ou partie de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe. Il est probable que M. Hannedouche a demandé le même travail à tous les instituteurs relevant de sa compétence. (Peut-être s’agit-il même d’une directive nationale ?) Quoiqu’il en soit, jusqu’à présent, seules les monographies du Catésis et de Solesmes (1) ont, semble-t-il, été retrouvées.

On pressent immédiatement l’intérêt considérable d’entrer en possession d’un tel document reflétant l’état des communes du canton à la toute fin du XIXe siècle, et donnant accès à un historique réalisé à partir de témoignages de personnes âgées, alors encore vivantes (les souvenirs de la Révolution et de l’Empire n’étaient pas si lointains), et à partir de documents qui, pour nombre d’entre eux, ont disparu depuis, les deux guerres mondiales du XXe siècle ayant fait du dégât.

Mais la Bibliothèque municipale ne se contenta pas de cette acquisition, elle fit restaurer l’ouvrage qui était en triste état et se présentait sous forme de cahiers plus ou moins dispersés ; elle le fit aussi intégralement scanner et enfin, elle le fit relier.

Pourtant, tel qu’il se présente aujourd’hui, l’ouvrage, lourd (environ 5 kilos), encombrant (29cm x 23cm, épaisseur à la reliure, 12cm, au bord opposé, 9cm), peu maniable, reste de consultation difficile, étant constitué d’une bonne trentaine de cahiers manuscrits dans lesquels l’écriture n’est pas toujours facilement lisible.

C’est pourquoi il s’avérait indispensable de retranscrire intégralement ce document sur ordinateur, afin de rendre son accès plus facile et d’éviter que l’original ne finisse par se dégrader suite à des consultations multiples. On sait en effet que dans ce cas, les détériorations sont inévitables à terme, quelles que soient les précautions prises par les historiens locaux et les autres personnes intéressées lors de leurs manipulations successives.

Structure de l’ouvrage

L’une des plus importantes monographies en volume est bien entendu celle du Cateau qui compte à elle seule 142 pages manuscrites, y compris une quarantaine d’illustrations pleine page et trois cartes format double page. Les autres monographies sont de taille variable, certaines très courtes (Basuel : 22 pages, Beaumont : 13 pages), d’autres impressionnantes (Rejet de Beaulieu, 105 pages, Saint-Souplet, 146 pages).

Toutes sont construites suivant le schéma (respecté plus ou moins fidèlement) proposé par M. Hannedouche, et que nous reproduisons ci-après :

Plan d'une monographie communale

1ère partie : Géographie physique
  1. Situation astronomique de la Commune, longitude, latitude, altitude – Sa superficie territoriale – Divisions territoriales – Hameaux, fermes, écarts, lieux-dits, dépendances, etc.
  2. Relief du sol ; monts et collines ; plateaux et plaines.
  3. Géologie, constitution du sol.
  4. Hydrographie. Cours d’eau et marais.
  5. Bois et forêts. Faune et flore communales.
  6. Voies de communication.
2ème partie : Géographie historique
  1. 1° Noms successifs de la Commune – Étymologie.
  2. Événements remarquables dont la Commune a été le théâtre.
  3. Personnages célèbres auxquels la Commune a donné naissance, qui l’ont habitée ou qui y sont inhumés.
  4. Pierres, roches et grottes consacrés par une croyance populaire. Leurs noms ? Leur origine ? Croyances qui s’y rattachent.
  5. bis Légendes et superstitions locales ?
  6. Voies gauloises, voies romaines.
  7. Existe-t-il quelques lieux portant le souvenir d’un champ de bataille ? Quelles découvertes y a-t-on faites ? (Monnaies, armes, poteries, figures en terre cuite ou en métal ? etc.)
  8. Trouve-t-on dans la Commune d’anciens monuments remarquables, murailles épaisses, statues ou fragments de figures en pierre ou en bronze ?
  9. A-t-on retrouvé un ancien cimetière ? Quel est l’âge des sépultures ? Quelles sont leurs particularités ?
  10. La commune possède-t-elle une ou plusieurs églises ? Leur vocable, date du patron. Description du monument : style, âge, particularités (sculpture, peintures murales, pierres, tableaux, tapisseries, vitraux, mobilier ancien, cloches et leurs inscriptions, etc.)
  11. Y a-t-il dans la Commune une ancienne abbaye ? Qu’en reste-t-il ? à quel ordre religieux appartenait elle ? Évènements et croyances qui s’y rattachent ? Etc.
  12. Y a-t-il des chapelles isolées ? Description et croyances ?
  13. Hospice ou hôpital : nom des fondateurs, etc.
  14. Y a-t-il eu une maladrerie ? Traditions qui s’y rattachent ?
  15. Dans le cimetière actuel, signaler les calvaires, croix et inscriptions curieuses ?
  16. Existe-t-il une fontaine visitée par les malades ? Nature des maux dont la guérison lui est attribuée.
  17. S’il existe un arbre célèbre, faire connaître son origine, sa légende ?
  18. S’il existe un ancien château, dire s’il est fortifié ; dimensions, description, histoire. Rappeler les traditions populaires qui s’y rattachent, etc. Droits des seigneurs, etc.
  19. Documents historiques qui se trouvent dans les archives communales ?
  20. Les écoles ; leur ordre d’enseignement, sont-elles laïques, congréganistes ? Date de leur fondation, nombre d’élèves, description des bâtiments, historique de l’instruction dans la commune. Liste des maîtres et maîtresses en remontant le plus haut possible. Baux de location des anciens magisters.
  21. Liste des maires ? juges de paix, notaires, avoués, huissiers, etc.
  22. Liste des curés ?
  23. Population de la Commune à différentes époques ? Augmentation et diminution et leurs causes – Nombre de mariages, naissances et décès dans les dix dernières années.
  24. Particularités sur la constitution physique des habitants, leur régime alimentaire, leur caractère, leurs mœurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction. Coutumes, légendes, croyances et superstitions locales.

NOTA. – Signaler toutes les particularités qui n’auront pas trouvé place dans le programme ci-dessus.

Employer du papier format 27 x 21 très exact.
Intercaler dans le texte dessins, photographies, plans, reproductions.
Le travail devra être terminé pour le 15 Octobre 1899.
Le Quesnoy, le 18 Mars 1899.
L’INSPECTEUR PRIMAIRE,
A. HANNEDOUCHE.

À propos de la méthode de travail

Afin de ménager au maximum le document original, le texte est recopié, dans la mesure du possible, à partir des quelques 800 scans réalisés (pour plus de 1000 pages manuscrites). Mais les scans étant au format tif et en noir et blanc, sont parfois moins lisibles que le document d’origine, notamment en ce qui concerne la ponctuation, parfois très peu marquée. Et puis, sur le nombre, quelques pages ont été oubliées (très peu). Il faut donc parfois vérifier avec l’original.

L’écriture des instituteurs est en général relativement facile à décrypter, quand il s’agit de mots courants, mais pas toujours. Les instituteurs ne sont pas des spécialistes de la calligraphie et les belles écritures sont rares. Ne pas confondre les « s » à la mode 1900 avec les « f » ; le « d » s’écrit le plus souvent, à cette époque, de la même manière en majuscule ou en minuscule et seule la différence de taille nous renseigne, mais elle n’est pas toujours évidente ; même difficulté avec le « c » ; des fioritures peuvent être ajoutées à la dernière lettre d’un mot, etc. Pour les noms propres de personnages, les noms latins de plantes, le vieux français du moyen âge, le latin des étymologies, le décryptage est parfois ardu. Il faut alors faire des recherches dans les dictionnaires ou sur Internet et cela peut prendre beaucoup de temps, surtout si la 1ère lettre est mal déchiffrée.

Quant à la ponctuation, elle est assez fréquemment fantaisiste, notamment en ce qui concerne la place de la virgule. Si la ponctuation de l’auteur a, dans l’ensemble, été respectée, elle a pu être parfois machinalement rectifiée, avec la fermeture de guillemets restés béants, le déplacement d’une virgule, un point oublié placé en bout de phrase…

De quelques curiosités

Concernant les noms de localités, l’orthographe de l’auteur a été scrupuleusement respectée, même quand elle changeait d’une page à l’autre. Remarquons que la manière d’appeler les communes en 1899 était parfois différente de l’usage actuel. Le Cateau, dans la monographie le concernant, prend toujours l’accent circonflexe sur le 1er a. Dans les autres monographies, la manière de l’écrire est variable. D’autre part, on ne parle que très rarement de Cateau-Cambrésis, sauf dans l’étymologie (le Chastel en Cambrésis, par exemple).

Pommereuil (selon l’appellation officielle actuelle) est le plus souvent appelé Le Pommereuil, mais pas toujours. La monographie le concernant hésite, passant souvent d’une dénomination à l’autre, parfois dans la même page.

Bazuel (nom officiel actuel) s’écrit systématiquement Basuel dans la monographie qui lui est consacré. Dans les autres monographies, il s’écrit tantôt avec le s, tantôt avec le z.

Si l’orthographe du nom du village d’Ors ne change pas, nous trouvons la preuve dans la monographie concernée que le s terminal ne se prononce pas à l’époque (contrairement à un usage récent de plus en plus répandu ; influence de l’anglais ?).

D’une manière générale, nous avons noté les apports les plus remarquables des différentes monographies dans la note introductive placée à la tête de chacune d’entre elles.

Des notes explicatives

À chaque fois que la chose semble utile, des notes explicatives ont été créées : il y en a environ 150 pour la seule monographie du Cateau. Précisons cependant que ces notes n’ont pas l’ambition d’actualiser le texte, mais essentiellement de le rendre compréhensible pour le lecteur de ce début de XXIe siècle, quitte, de temps à autre, à le faire sourire.

Les notes sont placées en bas de page sauf celles qui sont placées en fin d’ouvrage, ce qui est le cas :

  • Quand elles se retrouvent dans de nombreuses monographies (et parfois quasiment dans toutes, comme celle relative aux coordonnées géographiques des communes), pour éviter une répétition fastidieuse ;
  • Quand elles font l’objet d’un développement trop long pour figurer dans le corps du texte ;
  • Et d’une manière générale, pour en limiter le nombre dans le texte lui-même.

Les mots faisant l’objet de notes de fin d’ouvrage sont suivis d’un astérisque*.

De la reproduction des scans

Il nous a semblé intéressant de faire suivre la transcription des textes de la reproduction la plus fidèle possible du texte original, à partir des scans en noir et blanc qui avaient été réalisés avant la reliure des différents cahiers, et ceci, malgré le travail considérable occasionné par le nettoyage de nombre d’entre eux des impuretés inhérentes au procédé utilisé.

Nous pensons ainsi que le lecteur pourra se faire une idée plus juste du travail de chaque instituteur. Nous y voyons aussi l’opportunité pour le lecteur de déchiffrer certains mots pour lesquels subsiste un doute, voire de relever quelques erreurs de transcription.

C’est au sein de cette reproduction que sont insérées toutes les illustrations des monographies originales, ce qui n’empêche leur reproduction partielle dans le texte retranscrit quand la chose semble utile à la compréhension du texte, ou quand il s’agit d’éléments particulièrement remarquables (comme les traits de séparation artistiquement placés dans la monographie du Pommereuil, par exemple).

Des illustrations originales

Il a semblé intéressant de conserver les illustrations originales, même quand elles ont connu les outrages du temps. C’est ainsi que, parmi les photographies (toutes en noir et blanc, bien entendu), nombreuses sont celles qui ont fortement pâli.

Un soin particulier a été apporté au traitement de ces reproductions, de manière à les rendre aussi « lisibles » que possible.

De la numérotation des pages

Afin de permettre l’édition de chaque monographie séparément, la numérotation des pages transcrites a été pensée de manière autonome et comprend le numéro d’ordre de la monographie suivi d’un tiret et du numéro de page de ladite monographie (ex : 2-10, pour la page 10 de la monographie de Basuel), en précisant que la monographie du Cateau, vu sa taille, comprend 2 parties (1A et 1B).

Cette numérotation ne peut correspondre évidemment à celle des pages originales des cahiers manuscrits, l’écriture manuscrite étant plus gourmande en papier !

À noter que la numérotation des pages manuscrites (ou le plus souvent, des feuilles) est continue du Cateau jusqu’à Maurois inclus. Montay marque la transition entre la numérotation des feuilles (suivant l’ordre « catésien » et démarrant donc au numéro 310) et celle des pages redémarrant au numéro 1. Au cours de cette monographie, la numérotation des feuilles est bientôt abandonnée au profit de celle des pages. Les communes suivantes reprendront la numérotation des feuilles en prenant pour base la dernière page de Montay ou en redémarrant à 1, dans la plus grande confusion.

Des annexes

Deux annexes sont placées en fin d’ouvrage, l’une reprenant la traduction des anciennes mesures en mesures modernes telles qu’elles apparaissent dans deux sites Internet et dans la monographie de Rejet de Beaulieu, l’autre permettant de faire la conversion des dates du calendrier républicain dans notre calendrier grégorien actuel.

Bonne lecture.

Jacques BOUVART.


(1) Les monographies du Solesmois, mises en vente à la même époque que celles du Catésis, n’ont semble-t-il pas intéressé la municipalité de Solesmes, hélas ! Que sont-elles devenues ?...