Préambule
Ce texte, resté longtemps inédit, est la retranscription d’un tapuscrit de 13 pages sur papier pelure. Lucien Durin, qui l’avait reçu de Pierre Tison en a fait don à la Médiathèque du Cateau-Cambrésis.
En l’absence de publication majeure sur l’église du Cateau, remarquable édifice de style maniériste du XVIIe siècle, il reste un texte de référence.
Il a été publié dans la revue « Jadis en Cambrésis » (n° 134, mai 2021, et n° 135, septembre 2021), enrichi de notes et d’illustrations par Philippe Barbet.
Christiane Bouvart
L'Eglise du Cateau : son histoire
Jusqu'à la Révolution, ce fût l’Église d'une ABBAYE Bénédictine, le monastère de Saint André du Cateau, fondé en 1022, et qui dura 8 siècles.
Elle devint alors Église Paroissiale St MARTIN, en remplacement des Églises St Martin et Notre-Dame, vétustes et sans valeur artistique.
L’Église S-Martin se trouvait sur la « Place Verte », l’Église N-D « de la Halle » était en plein Marché, « sur la Halle » ; des cimetières les entouraient : la Chapelle du « Bon Dieu de Pitié » (1613) est le dernier vestige d'un de ces cimetières au cœur de la Ville.
Reconstruction de l’Église de St André du Cateau
L’Église actuelle fut reconstruite au cours du 17ème siècle comme Abbatiale (Église d'Abbaye) de St André du Cateau, en deux temps.
Nef et Portail, par l'Abbé Antoine de Montmorency, qui en demanda les plans au meilleur architecte de la Cie de Jésus, le Frère Jean du BLOCQ, auteur des chapelles des Jésuites de Valenciennes (actuellement Église St Nicolas), de (?V)Maucelles, de St Omer et d'Aire-sur-la Lys (Lycée actuel), qui rappellent par leur façades le genre nouveau dont Jean du Blocq s'inspira pour le plan primitif de notre portail, remanié depuis.
La façade jésuite de St Omer porte au fronton la date 1629 ; à la même époque il fit le projet d'Aire, exécuté seulement en 1683, dès 1623, il s'intéressait à la nef future de St André ; collabora-t-il avec ses confrères architectes de la Cie de Jésus pour dresser le plan du Cateau ? Avec le Frère Huyessens qui venait d'élever la Chapelle de Namur ? (St Loup, dont les lignes intérieures évoquent celles du Cateau) c'est vraisemblable, car l'Abbé de Montmorency était un véritable mécène pour la Compagnie à laquelle appartenaient 2 de ses frères, les R.P. François et Florent, provincial puis vicaire du Général de l'Ordre.
Le plan de notre Église doit être le fruit d'une collaboration harmonieuse : les « Devisses de Jean du Blocq », qui fut très souvent au Cateau pour avis, marchés, mensurations et y laissa son neveu, spécialisé, semble-t-il, dans la sculpture des « Pierres de Fondation », furent revues par Dom Nicolas de Mory, maître des œuvres, et Bénédictin du Cateau ; L'Abbé lui-même suivait de très près les travaux, envoyant « consulter » à Mons, s'entourant des conseils d'Amé Bourdon, ingénieur à Cambrai et des « Frères de Bouchain, religieux, signant » carriers leur acte de visite des travaux de l’Église en mai 1634.
Cette année-là, 1634, la 1ère pierre « le premier caillou » disent les comptes de la Ville, fut posée le 15 mai par les maçons « au nom du Magistrat », malgré les menaces de guerre entre les 2 royaumes (phase française de la Guerre de 30 ans). Les tailleurs de pierre bleue, tel Simon de Maray de Cambrai, travaillaient alternativement aux arcades de l’Église et aux Portes de la Ville dont on consolidait la défense activement.
Le 15 septembre, l'Abbé entouré de son neveu le Prince de Robecque et de ses moines, plaçait, à son tour, la « Pierre angulaire » au biais de la nouvelle Nef et du Chœur ancien ; on retrouvait, à cette occasion, l'ancienne pierre de fondation, portant en caractères gothiques « JE FUS ICY ASSIS » et la date « 1506 » où chœur et croisées avaient été refaites après incendies et destructions de la fin du XVème siècle.
Nef nouvelle et Portail (1634-1635)
En janvier, l'Abbé avait confié le soin des sculptures du PORTAIL et de la NEF à Maître Gaspard MARSY, qui avec l'aide de son frère Daniel, les achevait fin 1635 (date du portail) ; Maître Gaspard était un grand artiste cambrésien, auteur du JUBE de St Géry (Cambrai) ; élève de Jean de Bologne, il aurait étudié à Florence ; il fut lui-même le Maître de ses fils Gaspard et Balthazard, nés à Cambrai en 1624 et 1629 ; Professeurs aux Beaux-Arts, à Paris, ils travaillèrent aux sculptures de Versailles (parc et Château, Bassin de Latone) ; le tombeau d'un roi de Pologne à St Germain des Près, le Maître-Autel de Notre-Dame de Calais sont aussi leurs œuvres.
Maître Gaspard le père, approuvé par l'Abbé Antoine de Montmorency embellit, égaya aussi le plan à lui proposé d'une façade aux lignes sévères, type St Omer qui eût mal cadré avec l'ensemble pimpant et élégant avec tourelles, bannerolles dorées, grands arbres de l'Abbaye, reconstruite en 1620-30 ; l'Abbé lui promit 50 florins de gratification pour ses « enrichissements », en plus des 1 450 convenus ; mais il ne les toucha jamais... en octobre 1635, l'Abbé de Montmorency mourait... Vit-il la fin de ses travaux ? C'est peu probable, car la GUERRE les avait déjà retardés puis interrompus « Entre autres, du 23 août au 8 septembre 1635 », jusqu'à « l'éloignement du Camp des François hors cette ville » précise le Registre des comptes.
Alors les gens de la cité, lit-on aux comptes du Magistrat, montèrent-ils aux remparts pour prêter main forte à la maigre défense ; la ville fit cuire une fournée de pain pour les nourrir...
Mais ce ne fût qu'une alerte : les Français ne trouvèrent au Cateau que la garnison du Seigneur archevêque, Mgr Vanderburch, gardant et défendant au mieux sa neutralité de Terre d'église et indépendante des Pays-Bas ; après quelques réquisitions, ils levèrent le siège et décampèrent.
L’Église du Cateau pendant le temps des guerres
1635, date où la 1ère phase de reconstruction fut quasi terminée (avec voûtes de fortune et cloisons provisoires) fut le début d'une ère de calamités pour la région ; de nombreux réfugiés de St Benin, Reumont... étaient en ville ; malgré les efforts de l'Archevêque Seigneur du Cateau, les Espagnols y établissaient garnison ; grisés par leur « Nach Paris » de 1636, ils y vivaient comme en pays conquis... puis, dans la ville surpeuplée, la PESTE venait de faire son apparition : l'aide des Pères Récollets de Cambrai permit de juguler le fléau...
Mais en 1637, les Français le 15 juin reparaissaient, dévastant St Benin, assiégeant et bombardant Le Cateau, et sa garnison espagnole ; la ville se rendit le 21 juin. La démarche des Bénédictins de St André auprès du Généralissime des armées de France, le Cardinal de La Valette alors au Favril près de Landrecies préserva la ville ; cependant, vers 1639, Le Cateau était occupé par les deux partis, évacué puis finalement démantelé sur les ordres d'Harcourt ; les habitants ne rentrèrent qu'en 1642, et partiellement.
En 1646, nouvelle alerte... au mois de mai, le Duc d'Enghien campe aux portes... L’Église et l'Abbaye servent de lieu de refuge aux bourgeois et à leurs bestiaux « qui mangèrent le foin de Mr l'Abbé » relate le compteur du monastère.
1658 : les moines obtiennent des sauvegardes pour la cité « en juillet, du Vicomte TURENNE, lorsque ses armées sont aux environ de GUISE ».
En 1667, nouvelles menaces... L'Abbaye et « le Fort St André » font partie du dispositif de défense ; une Hobette avec guetteur sont établis sur le vieux pignon de St André... en bas de la ville au bord de la Selle, les Récollets, récemment fixés au Cateau, ont eux aussi installé fortin et service sanitaire en leur Couvent... (rue de la République, groupe des maisons « Lieutenant Eugène Morcrette mort pour la France »). Mais ce ne fût qu'une fausse alerte...
En 1678 ; Le Cateau recouvrait sa tranquillité par le Traité de Nimègue qui plaçait ville et châtellenie en terre de France, sous la protection du Roi Louis XIV : à l'abri de la Ligne Vauban et de ses géniales forteresses, notre ville allait revivre en paix.
Deuxième phase des travaux : Clocher, Dôme et Chœur (1680-1700)
Avec la permission de Sa Majesté, les moines de St André purent à nouveau reconstruire : déjà, en 1660, sous Dom Jean Couvreur, coadjuteur du vieil Abbé infirme de Bonmarché, et successeur de l'Abbé de Montmorency, il avait fallu d'urgence reconstruire le cloître en ruines. (La pierre de fondation de ces travaux, jadis exhumée, est scellée dans le mur du Patronage, derrière la salle des œuvres).
Pour l'Abbatiale, en 1679, Dom Anselme Meurin, le nouvel Abbé, confiait l'entreprise des travaux à Maître Jacques Nicolas, de Valenciennes. Le même maître maçon construira plus tard l'Hôtel de Ville du Quesnoy et le Beffroi actuel du Cateau.
Dom Colomban et Placide, moines de St-André, achetèrent les chênes des charpentes et surveillèrent les travaux (sont-ce leurs caricatures, ces masques aux longues oreilles, au dessus des piliers du chœur ? La tradition le prétend...)
Sur quel plan poursuit-on la reconstruction ?
La Chapelle des Jésuites de Louvain terminée vers 1666 par le Frère Hesius présente transept et projet de coupole ; d'autre part, les moines de St Sépulchre de Cambrai étudient alors les projets de leur future Abbatiale (l'actuelle Cathédrale de Cambrai, remaniée depuis) ; mais on y retrouve la disposition de notre Église : transept, ébauche d'un dôme central, chœur et déambulatoire, enfin le clocher hors l’Église, adossé au bras gauche du Transept.
Messieurs de St Sépulchre, lit-on aux comptes de St André (8H. 982), avaient aimablement avancé 200 louys d'or, « pour bâtir notre Tour et le Chœur de l’Église », prêt gracieux d'abord remboursé dès 1697 ; ils durent aider leurs bons confrères du Cateau plus encore de leurs conseils que de leur or.
« Notre Tour » : l’Église en était dépourvue et même de clocher ; en 1634, pour édifier la nef neuve, on avait abattu le clocher, placé en avant de la croisée du chœur et mal en point. On éleva le CLOCHER actuel, et Jacques Perdry, maître fondeur de Valenciennes en livrait les cloches en 1682.
Dôme et chœur s'élevaient de 1690 à 1700 ; les 10 piliers de pierre bleue du chœur, comme jadis ceux de la nef, furent amené de Marbaix ; de nombreuses fournées de briques sortirent « les gros piliers qui soutiendront le Dôme du Transept ».
En 1700, les sculpteurs pouvaient compléter leur aérienne dentelle de pierre. Les continuateurs de Maître Gaspard furent les Froment, Augustin et Baudhuin ; natifs de Tournai, ils avaient, à cette époque, été reçus Bourgeois du Cateau. Ils travaillèrent ensuite à l'Hôtel de Ville et autres Églises.
Les dauphins se jouant près de la couronne de France, qu'ils ont sculpté au déambulatoire, près du Maître-autel, aux arcs de voûte, sont-ils un délicat hommage rendu au Seigneur du Cateau, FENELON, précepteur du Duc de Bourgogne et des Enfants de France, sous l'épiscopat duquel Notre Église fût terminée ?
Étude détaillée du Portail et de l’Église
Le portail de l’Église et l’œuvre de Marsy
Le PORTAIL Du temps des moines, un jardin le précédait ; et les colonnes qui semblent abandonnées, à droite et à gauche, contres de longs murs de briques devaient alors décorer l'entrée : à droite à droite de la Cour de l'Abbaye avec ses arbres, Tilleul vénérable, puits monumental que dominait le statue de la Vierge, à gauche, des jardins des religieux ; l'on y montait par l'ancienne crypte de St Nicolas, tout ombragée de hauts chênes verdoyants... qu'abrita encore la propriété de M. Lozé.
Dans ce cadre, l'impression première eut été moins étrange de cette façade aux allures de retable espagnol par l'exubérance de sa décoration. Telle que la réalisa Gaspard Marsy, elle représente le type du style de notre Cambrésis en 1635 ; époque de RENAISSANCE aux Pays-Bas ; Rubens avait été le conseiller d'art des archiducs Albert et Isabelle, protecteurs du Cambrésis et de St ANDRE du Cateau. Le Maître de Cambrai eut la bonne fortune de plaire à l'Abbé de Montmorency et de pouvoir faire œuvre originale.
Cette façade aux lignes académiques et froides (cf St Omer), il l'anima de sa verve et de son talent.
Au rez-de-chaussée, il respecte le plan à lui remis en janvier 1634 ; pilastres et colonnes d'ordre dorique ; niches où furent installés plus tard St André, patron de l’Église et St Mathieu, qui préside à la grande foire-marché annuelle de septembre. 7 marches de pierre bleue, comme les doubles colonnes et le fronton brisé, donnent accès à la porte d'entrée ; y alternent les armes de l'Abbaye et de l'Abbé de Montmorency, encadrées de masques grimaçants...
Au premier étage, étaient prévues 3 statues : St André, flanqué de la FOY et de l'ESPERANCE : elles restèrent à l'état de projet... 2 ciboires et une statue plutôt moderne de la Vierge les suppléent actuellement, entre les pilastres ioniques.
Au second rang, l'art de Marsy se révèle : aux « ailes des carolles », correspondant aux bas-côtés, il a sculpté « deux Festons », guirlandes de fruits nouées d'un nœud de cordage ; au-dessus, il avait placé deux AIGLES ; Les aigles ont disparu... les remplaçaient, il y a 25 ans les inscriptions commémoratives : à gauche, Philippe IV, Regnante, 1635, nom de Roi d'Espagne, contemporain de la façade ; à droite, Napoléon III régnant, 1854, date d'une des nombreuses restaurations, car la pierre d'Ecaussines en Belgique, imposée au sculpteur, ne résista pas aux injures des siècles. A leur place, il y a un vide...
Mais les deux pierres d'armoiries, en pierre bleue, arrivées toutes prêtes d'Ecaussines, ont résisté, elles, et aux injures des hommes... La Révolution respecta la mémoire des grands bienfaiteurs de l'Abbaye : le Monastère bénédictin et le fondateur de cette Église, alors que tous les blasons des seigneurs archevêques furent mutilés...
Les armes de l'Abbaye sont d'ailleurs celles de la Ville : le Château Ste Marie, fondé en 1007, et ses 3 tours, qui donna naissance à la cité « Chastel-en-Cambrésis », longtemps ville forte puis de plaisance des évêques de Cambrai.
Et pour terminer la décoration de l' « Aile des Carolles », Maître Gaspard exécuta des « Pots à feu », qui sont des chefs-d’œuvre : des faunes, au sourire malicieux et couronnés de fleurs qui s'entremêlent dans leurs cornes, en forment le motif des vases.
Le « Sourire du Faune » de Marsy, voilà l'une des curiosités de cette façade.
N.B. Les expression entre guillemets son d'époque et tirées des « Comptes de Réduction du travail de Maître Gaspard, en Carême 1636 », sous le nouvel Abbé de BONMARCHIE.
Le 3ème étage était, à l’origine, moins chargé : un œil de bœuf central, éclairait les combles ; on en retrouve la carcasse du vitrail derrière l' «IHS » qui l'obtura ensuite.
Marsy avait du respecter le plan initial : «au dessus de l'ovale du pignon, cuirace (terminale) de la date », (comme à St OMER), tout en agrémentant ce « viel pignon » de 3 « pots », moins importants que les Vases silvestres « des Ailes des Carolles » (on les lui paya moitié prix : 2 florins pièce.)
St Charles Borromée, d'Anvers, ancienne chapelle des Jésuites, l’église de La Madeleine, dans LILLE, ont des frontons ainsi agrémentés de 3 pots à feu.
La décoration de ce dernier étage était à la mémoire de la Maison de Bourgogne, et c'était juste gratitude : les Archiducs décédés depuis peu, hélas, sans héritiers, avaient été la providence des Pays-Bas où ils devaient fonder une nouvelle dynastie de Bourgogne, autonome et pacifique. La mort les faucha trop tôt. Ainsi, Maître Marsy a-t-il sculpté les « Fusiz et X », emblèmes des Ducs de Bourgogne... Les Croix de St André (patron de Bourgogne) faites de 2 bâtons noueux d'épines (Qui s'y frotte s'y pique...) les réchauds enflammés et les briquets pour faire jaillir la flamme... Flamme du souvenir que cette allégorie de pierre...
L’Archiduchesse Isabelle avait été la grande protectrice de l'Abbaye : personnellement, elle avait obtenu le rattachement de l'Abbaye de FEMY à celle du Cateau, tout au moins le titre d'Abbé de Femy pour Dom de Montmorency, avec les revenus des biens, les Pères Florent et François de Montmorency, frères de l'Abbé Antoine, de la Compagnie de Jésus, avaient été les intermédiaires tout désignés pour ces délicates négociations ; les revenus ainsi accrus facilitèrent les travaux de l’Église... et en permirent les fastueuses sculptures.
Fastueuse, est la FRISE « faite de Fruitaille », sous-jacente aux Croix de Bourgogne : il en est trois qui séparent les étages.
Celle-ci, la plus haute, où les poires et les pommes rappellent les deux grands festons de fruits ; les fruits au naturel... modèle cher au Maître de Cambrai, que nous retrouverons en abondance à l'intérieur de la nef, sur la frise y courant.
La seconde, entre Ier et 2ème étage « faite de Morisques » ; (marguerites et arabesques).
La frise inférieure, coupée par le fronton de pierre bleue et fort dégradée, « faite d'Aiglons, imparfaits », a écrit le compteur, au jour du paiement ; a osé écrire... chaque « Aiglon » est un travail fini et parfait, … comme les anges au dessus des ciboires et le « Satyre au dessus de la Verrière » (droit sous l' « IHS », immédiatement sous la frise de fruitaille et la nouvelle cuirace de date qui porte 1635.
Cette frise d'aiglons mérite qu'on s'y attarde... l'Abbé de Bonmarchié et Dom Potier, « son prêvot », ayant été, injustes en leur jugement, ce « Jour de Carême de 1636 ».
Les 16 aiglons offrant 8 sujets différents, séparés par des cannelures, c'étaient (car il en manque) : une Ancre, une Truelle (supposée) ; l'Agneau sur un coussin Cœur entouré d'une couronne d'épines ; la Croix où s'enguirlandent des pampres de vigne, les clous de la Passion, échelle et lance, attributs de la Passion, enfin une Tête d'Ange.
Il semble que là comme partout, Maître Gaspard n'a livré que du travail FINI.
Remaniement de la façade, Église bénédictine
A quelle époque, le fronton fut-il modifié et exhaussé ?
Sans doute, à plusieurs périodes. Mais, à ce jour, il n'est permis que des hypothèses.
L’Église, après la mort de Fénelon qui coïncida avec l'ouverture du Collège des Pères Jésuites en cette ville (1715), servit de Chapelle aux élèves plusieurs trimestres ; l'Abbé de La Cocquerie, fut, comme jadis Dom de Montmorency, très généreux pour les nouveaux maîtres : prêts d'argent ; leçons de philosophie et de théologie demandées aux Pères pour les novices du Monastère ; faut-il voir dans l' « IHS » rayonnant, entouré d'une Gloire, ma foi, bien enlevée, de chérubins le témoignage de gratitude des Pères envers les Bénédictins ou simplement le scel d'une longue amitié, au Cateau, des deux Ordres ?
Quant à la croix terminale, avec tête d'ange, globe terrestre, sur un socle timbré de l'A.M. Marial et l’œil de Jéhovah, inclus dans le fronton triangulaire, cette masse architecturale doit incomber à M. de Baralle qui eût à restaurer la façade après la Révolution ; il n'y avait pas ou plus de croix, écrit-il dans son rapport ; il crut bienséant d'en remettre une et compliquée. Ce fut peut être nécessaire, pour dégager par en haut, la perspective de la façade, privée de son complément séculaire, l'Abbaye, et emprisonnée depuis entre deux murs de brique...
Intérieur de l’Église : aperçu général
Ses dimensions imposantes frappent de prime abord : 68 mètres de long, une NEF de 30 m, un vaste chœur de 30 m, aussi, séparés par le transept au dôme harmonieux, long de 8 mètres.
Les 20 colonnes de pierre bleue, 10 pour la nef, 10 au déambulatoire du chœur soutenant les arcades, d’où monte la voûte à 16 mètres de hauteur, limitent le vaisseau central, large de 9 mètres ; les bas-côtés sont étroits.
Il s'agit d'une Église faite pour les Bénédictins, les bas-côtés destinés à doubler le cloître, pour la longue file des moines, gagnant en procession, à l'heure des Offices, leur stalles du sanctuaire...
Chœur immense, pour que puisse s'y déployer la pieuse liturgie de la Louange divine... Nef spacieuse pour la foule des fidèles puisse s'y presser les jours où le Révérendissime Abbé officiait pontificalement ou que la dévotion envers Ste Maxellende, dont l’Église abritait la châsse protectrice attirait les pèlerins, ainsi que le 22 septembre, de chaque année.
Ce jour-là, la Ducasse commémorait la Dédicace de la Ière Église de St ANDRÉ, en 1025, et la Translation des reliques de Ste Maxellende, au autre 22 septembre, d'une année suivante ; derrière la Maître-autel, élevé à la place du grand Crucifix, au dessus de la chapelle absidiale, brillait la châsse, actuellement le joyau de l’Église de Caudry.
Le Baptistère est ce qui reste du cloître du Monastère ; par là se faisait aux solennités l'entrée des moines ; la Sacristie fut longtemps la Chapelle du Père Abbé ; un couloir la reliait avec l'Abbaye et le Chœur ; par là aussi, le matin, pour réciter ou chanter Nocturnes et laudes, passaient les moines se signant d'eau bénite dans une piscine aux fleurs sculptées... qui existe encore derrière la soufflerie des Orgues du chœur.
Dr Pierre Tison (1940)
Texte retranscrit par Christiane Bouvart
Consulter ou télécharger les scans de l'original: Consulter ou télécharger la retranscription: